L’UE perd «patience» avec Facebook

Sommé de modifier ses conditions générales d’utilisation de ses services, afin d’être en conformité avec le nouveau règlement pour la protection des données personnelles, RGPD, le patron du groupe Facebook, M. Zuckerberg, avait clamé devant le congrès Européen, en mai dernier, qu’il  avait effectivement publié de nouvelles conditions en « totale » conformité avec le droit Européen.

Mais il n’en est rien, ou plutôt Zuckerberg a tenté un nouveau tour de passe-passe pour contourner cette loi qui, si elle est correctement suivie, met définitivement en péril le modèle économique du groupe qui se repose sur une manne « gratuite », l’intimité des personnes, qu’elles soient membres ou non de ses services, et ce sans aucune difficulté, ni contraintes.

«Ma patience a atteint ses limites. Bien que Facebook m’ait assuré qu’il adapterait enfin toutes les conditions de service trompeuses restantes d’ici décembre, cela dure depuis trop longtemps», a expliqué en conférence de presse la Commissaire Européenne de la consommation, Madame Vera Jourova.

Ces nouvelles conditions «contiennent une présentation trompeuse des principales caractéristiques des services de Facebook», explique la Commission.

En effet, en laissant croire à l’utilisateur qu’il peut maintenant contrôler les données personnelles qu’il laisse fuir ou non, et qu’elles « ne seront utilisées que pour une amélioration de l’expérience globale », l’utilisateur est non seulement trompé sur l’étendue des données récupérées, mais en plus sur l’utilisation même de ces données qui restent la matière première de toutes les activités du groupe, en particulier leur revente à des tiers, la mise en « addiction » des utilisateurs, et finalement la manipulation à grande échelle.

Activités douteuses et illégales

Un petit rappel de quelques découvertes en matière de tromperie dont le groupe de Zuckerberg s’est fait une marque de fabrique :

2014 : découverte d’un algorithme destiné à manipuler les émotions des utilisateurs (affaire portée devant la commission fédérale du commerce américain)

2015 : découverte des activités intrusives massives effectuées par le code caché derrière le fameux boutons « j’aime » (procédures Européennes et interdiction dans certains pays membres)

2016: découverte de l’activité systématique de reconnaissance faciale exercée sur toutes les images provenant des applications du groupe. Facebook effectue cette opération illégale depuis 2010 et constitue une gigantesque base de donnée biométrique, à l’insu des utilisateurs et de toutes les personnes concernées.

2016 : découverte d’une manipulation systématique des contenus affichés sur les demandes des utilisateurs

2017 : découverte d’une tromperie grave lors du rachat de Whatsapp par Facebook (Facebook a délibérément menti auprès des organes de protection de la concurrence de l’UE en indiquant ne jamais vouloir récupérer les données véhiculées grâce à Whatsapp – procédure et condamnation du groupe pour tromperie, sanctions en attente).

2018 : Facebook avoue finalement devant le congrès américain et ensuite devant la commission Européenne l’existence d’activités de manipulation lors des dernières élections américaines. Zuckerberg reste par contre muet quant à l’infraction dénoncée sur la transmission illégale de données de son outil Whatsapp vers la maison mère Facebook.

2018 : 3 nouvelles plaintes sont déposées contre Facebook et ses deux principales sociétés, Instagram et Whatsapp, pour activités de « Bundling » (consentement forcé et toute forme de conditionnement de la mise à disposition d’un service à l’obligation de donner son consentement pour pouvoir l’utiliser , comportement totalement interdit par le nouveau RGPD (cf article 7(4)).

Ne riez pas, encore plein de personnes confient leurs vie privée à cet énergumène !

Chose absolument incroyable, malgré toutes ces découvertes et constatations, Zuckerberg est encore et toujours suivi par nombres de personnes se mettant à nu devant lui et lui laissant toutes liberté de faire ce qu’il veut avec leur intimité. Si ce n’est pas de l’addiction grave, alors c’est que notre cerveau régresse dramatiquement, comme l’affirment certains scientifiques.

J’ai posé un jour la question suivante à un ami lors d’un souper commun : si je récupère des informations intimes sur toi, des lettres, des images, des moments de ta vie dont tu n’est pas totalement fier, et que je faits publier tout ça dans la plupart des journaux de la région, serais-tu d’accord ? Sa réponse a été bien évidement « non ». Alors je lui ai posé une 2ème question : tu as pris des photos, tu a raconté en partie notre soirée en utilisant Instagram, Whatsapp et Facebook; est-ce que tu m’as demandé si j’étais d’accord que tu publie au yeux du monde, et de surcroit que tu livre à Zuckerberg, une partie de ma vie privée ?

Voilà où nous en sommes, là où des personnages comme Zuckerberg nous ont entraîné malgré nous (ou aveuglé par notre inconscience).

Au fait, vous faites encore partie de ceux qui continuent à lui faire confiance ?…