"Liker", une addiction à double effet

Si à l’origine féliciter une personne pour ce qu’elle dit ou écrit est un encouragement, les géants du numérique ont encore trouvé ici un moyen de multiplier les effets de ce qui semble être une tout petit geste

LE BOUTON – J’AIME -, VÉRITABLE USINE INTRUSIVE

« Derrière l’apparence amicale de ce pouce en l’air, se cache un puissant traitement de données activé dès le chargement de la page »

Extrait de l’arrêt judiciaire – tribunal de Düsseldorf – 2015

Derrière ce bouton à l’apparence sympathique, se cache le plus puissant et et le plus actif des mouchard existant sur Internet: Facebook Connect.

Si la plupart des mouchards contiennent entre quelques dizaines et un peu plus de mille lignes de codes, le mouchard Facebook Connect en contient pas moins de 20300, ce qui représente environ 400 pages pleines  !

La liste d’informations que ce mouchard récupère à l’insu des visiteurs est impressionnante, et nul besoins de presser sur le bouton, dès qu’il apparait sur la page, il est au “travail”.

Suite à cette découverte quelque peu effrayante, le LPD Allemand a purement et simplement ordonné son interdiction sur tout son territoire dès fin septembre 2016. Les amendes, en cas de non respect, peuvent aller jusqu’à 50’000 Euros.

La France, de son côté, par son organisme – CNIL – a ordonné à Facebook de stopper la récupération de données personnelles sur son territoire entre autre par l’entremise de ce mouchard, avec une nouvelle mise en demeure en 2016, l’entreprise ne s’étant toujours pas exécutée.

1er effet du "Like - reflex"

Les entreprises numériques telles que Google ou META (Facebook) utilisent à fond les possibilités d’opérations invisibles que permet la programmation utilisée pour les pages WEB (en général HTML).  En effet, une page WEB comporte des éléments visibles, affichées sur votre écran, et des éléments invisibles, servant essentiellement au traitement d’informations (récupération de données sur des serveurs externes, calculs, tris, actions à exécuter, communication avec vos équipements, accès à vos disques et mémoires, …).

Ainsi, un code correctement programmé pourra à votre insu chercher, récupérer, et finalement transmettre tout de qui peut intéresser ces entreprise pour mieux vous connaître, vous cibler, et finalement vous manipuler. Ces codes, appelés « Cookies », mais leur vrais nature porte plutôt le nom de « Mouchards »,  s’exécutent extrêmement rapidement. Le fameux bouton « J’aime » de Facebook peut par exemple retirer et transmettre à leurs machines plusieurs centaines d’informations personnelles contenues dans votre appareil. Et ceci en quelques secondes seulement.

Ces opérations ne peuvent être interceptées par un anti-virus, car il s’agit d’un fonctionnement « normal » d’un programme et non d’une anomalie. Le seul moyen de se protéger est de repérer ces codes intrusifs avant qu’ils ne soient chargés sur l’appareil.

Les nouvelles lois en la matière interdisent l’usage des ces codes, ou algorithmes, sans un consentement libre des visiteurs, Ce qui vous l’imaginez, n’est pas au programme des géants d’Internet, qui continuent, malgré de nombreuses mises en demeures, condamnations et lourdes amendes, à se servir de ces outils pour violer notre intimité.

 

2ème effet du "Like - reflex"

Un effet, tout aussi dévastateur, est généré par ces petits boutons sympathiques : l’addiction.

Les acteurs de ce modèle économique ont découvert la toute puissance du principe de « récompense » sur notre cerveau. En effet, plus je reçois de « Like », plus je suis encouragé à publier, plus les internautes resteront longtemps sur le site, plus les mouchards pourront faire leurs travail.  Et c’est à double tranchant puisque pour recevoir des Likes, il faut aussi que je « Like » mes « amis ». Ainsi notre occupation première devient la lecture et la publication de tout et n’importe quoi sur Internet, pourvu que cela induise des « Like ». Et tout cela ne saurait être complet s’îl n’y avait pas, en plus, la « carotte » des récompenses financières en arrière plan. Et oui, plus vous aurez de vues sur vos publications, plus les annonceurs pourrons afficher de publicité, et plus vous pourrez obtenir des gains.

C’est un véritable cercle vicieux dont il est très difficile d’en sortir sans aide extérieure.

 

 

L'effet "domino"

Cette addiction va malheureusement pousser un grand nombre d’internautes à faire des choses toujours plus risquées, jusqu’à mettre en danger sa propre vie pour qu’il reste au plus haut dans les scores, et nombre d’internautes vont soit tenter de l’imiter, soit faire encore plus loin, encore plus stupide, encore plus dangeureux. 

Les concepteurs des sites Internet, principaux responsables

Les personnes qui conçoivent, entretiennent les sites Internet de leurs organisations, sociétés, sont les premiers responsables de cette situation. Concevoir un site Internet propre est plus compliqué que simplement d’aller chercher des blocs déjà programmés par Facebook ou Google, pour la plupart gratuit. Et ces bouts de code ne sont pas gratuits pour rien, puisqu’il contiennent pour la presque majorité, des codes et algorithmes intrusifs.

Les responsables de ces sites Internet se rendent responsables de livrer des données personnelles de leurs visiteurs sans aucune autorisation de leur part. C’est non seulement immoral, mais c’est aussi illégal.

Et c’est affligeant de voir que les plus mauvais élèves en la matière sont les sociétés qui ont le plus de moyens financiers et techniques pour faire des sites exempt de codes toxiques. Ont peut citer, par exemple, sans réserve, la plupart des sociétés actives dans les médias, les acteurs de la grande distribution, les assurances, et même souvent les acteurs étatiques, ce qui est assez grave.